En amont de la manifestation du 26 Novembre 2016 contre la violence des hommes faite aux femmes... MANIFESTE POUR UN FÉMINISME DES MIGRANTES

La violence des hommes faite aux femmes n’a pas de couleur de peau, ni de religion, ni de culture, mais elle est bien présente dans toutes les sociétés patriarcales, puisque la violence s’avère nécessaire pour entretenir le profond déséquilibre de pouvoir entre les hommes et les femmes. Néanmoins, nous sommes bien conscientes du fait qu’il existe des formes de violence qui ont été introduites pendant la migration et qui pèsent notamment sur les migrantes, lorsqu’elles ne sont pas en mesure d’exercer leurs droits.

Aujourd’hui nous payons le prix lié à des politiques antiracistes, soi-disant « neutres », qui ont privilégié les droits culturels aux droits individuels, en permettant ainsi de consolider le patriarcat au sein de certaines communautés de migrants. Il faut défendre la LAÏCITÉ contre les fondamentalistes catholiques et les influences de toute autre religion, qui demeurent en Italie dans la sphère publique et dans les choix d’autodétermination des femmes.

L’interculturalité est un processus complexe et il faut le suivre jour après jour dans le dialogue et le conflit. Si la sauvegarde des droits et des libertés des femmes n’est pas au cœur de ce mécanisme, l’interculturalité même est compromise. Pour cette raison, nous avons adopté la notion d’INTERCULTURALITÉ DE GENRE.

La loi sur l’immigration actuellement en vigueur pose pour les femmes migrantes un double piège. D’une part, cette loi les rend plus exploitables sur le marché du travail ; d’autre part, elle les lie inévitablement aux papiers du mari en cas de regroupement familier. Le permis de séjour peut ainsi se transformer en un instrument de contrôle patriarcal des femmes étrangères entre les mains de patrons et de membres violents de la famille.

Les femmes qui demandent ou bénéficient de protection internationale ont subi diverses atrocités perpétrées par la violence des hommes. Il s’agit ainsi de discriminations liées au genre, de violence domestique, de traite à des fins d’exploitation sexuelle, de difficultés d’accès à des systèmes éducatifs et sanitaires efficaces, d’abus liés aux pratiques traditionnelles comme les mariages forcés (y compris ceux des mineures), de mutilations génitales, de viols correctifs. Tout cela est exacerbé par des fondamentalismes religieux de plus en plus répandus et enracinés, et par les guerres actuellement menées.

À défaut de couloirs humanitaires, les migrants/es sont poussés/es à se lancer dans de voyages dans des conditions d’insécurité totale. En plus, ces traversées représentent un danger plus grave pour les femmes, du moment qu’elles sont exposées à des viols systématiques, utilisés notamment comme moyen de chantage pour les exploiter économiquement et sexuellement.

Dans les pays de transit et d’arrivée, les femmes sont confrontées à d’autres violences. Faute de politiques qui adoptent une perspective de genre, les soi-disant centres « d’accueil », financés par des fonds publics, constituent souvent le terrain idéal d’abus sexistes. Et encore, hors des centres, la violence institutionnelle de politiques économiques et sociales, qui s’accompagne d’une augmentation des discriminations racistes, étroitement liées à celles du genre, renforce ainsi la pauvreté et les inégalités et pèse lourdement sur les femmes migrantes.

Étant donné la situation actuelle, marquée par des violences sexistes et racistes quotidiennes, il est fondamental de dénoncer les abus subis par les femmes migrantes et les demandeurs d’asile afin de les soutenir dans la réalisation de leurs projets de vie.

D’où notre engagement pour un nouveau féminisme des migrantes, capable de prendre en compte les différences de classe sociale et de statut, qui influencent profondément les possibilités d’autodétermination des femmes, et de repousser l’avancée des fondamentalismes et des fascismes.

Les femmes de Trama di Terre 

Adhésions: ADIF – Associazione Diritti e Frontiere, Casa Internazionale delle donne di Roma, Donne in rete per la Rivoluzione gentile, Donne in Nero Italia, casa delle donne Lucha y Siesta (Roma)

Pour des nouvelles adhésions: info@tramaditerre.org